Discours du Président du PLRF à l'occasion de la Fête nationale

Discours du 1er août 2012

 

Liberté, Responsabilité, Solidarité, Bon Sens Suisses

Chers Compatriotes, Amis de la Suisse, de la Gruyère, de Vuadens ou d’ailleurs,


Cette année 2012 a été marquée au niveau national par des décisions du peuple suisse qui n'a pas eu crainte de s'élever contre les recommandations de ses élus dans le but de défendre les valeurs bien suisses que sont la responsabilité, la liberté, la solidarité et le bon sens. C'est en tout cas l'interprétation que j'en fais et le thème que j'ai choisi en cette soirée qui nous appelle à se rassembler avec fierté pour notre pays, et ceci même si nos résultats olympiques sont pour l'instant en dessous de nos attentes.


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En préparant mon message, j'ai par ailleurs pu lire qu'il existait une statistique du 1er août. Il s'avère que parmi la foule massée en nombre, attentive et silencieuse, seul le 2% écoute vraiment, et encore, parfois que d'une seule oreille. Le reste se répartit de la manière suivante:


38% sont distraits par les pétards et autres fusées
19% se demandent pourquoi ce n'est pas le 2 août qui est férié, Vuadens a trouvé la parade
16% des gens présents ne parlent pas de la même langue que l'orateur
12% poussent du coude leur voisin en demandant: qu'est-ce qu'il a dit?
10 % s'inquiètent de savoir s'ils sont bien placés pour les feux ou l'apéritif
et 3% avouent être là par hasard.


Malgré ces statistiques peu encourageantes, je ne vais pas faillir à mon devoir et vous n'allez pas échapper au discours officiel.

 


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Auparavant, nous trouvant aux Colombettes sur un site de tradition, qui a notamment inspiré l'abbé Bovet et qui est la source notre hymne officieux gruérien voire romand "Le ranz des vaches", un brin d'histoire s'impose. C'est en 1291, sur la plaine du Grütli, petit coin tranquille avec une magnifique vue sur le lac que Werner, Arnold et Walter discutent d'une alliance autour d'un feu, probablement un verre à la main en toute simplicité suisse. Il en est ressorti l’acte fondateur de notre pays, le Pacte fédéral de 1291. Ce parchemin exprime la volonté d’indépendance et de solidarité des premiers Confédérés.


Ils savent que l’entreprise sera difficile et jurent, si nécessaire, de sacrifier leur vie pour la liberté.


Autre texte historique d'importance, la devise suisse, plus connu dans la bouche des 3 mousquetaires que dans le langage politique suisse, elle orne tout de même la coupole fédérale en compagnie des armoiries de tous les cantons "Unus pro Omnibus – Omnes pro uno" "un pour tous, tous pour un".


Ces deux textes intègrent bien les valeurs et l'esprit suisses que sont la responsabilité, la liberté, la solidarité et le bon sens. Ces valeurs ancestrales ont permis à la Suisse de traverser les siècles, les guerres, les crises pour en faire un pays qui malgré sa très modeste taille est respecté, écouté et ma fois fort envié pour sa gestion rigoureuse, son système social performant, sa paix du travail, son système de formation, sa sécurité, son système démocratique, etc. Je pourrais continuer ainsi longtemps cette liste, ses qualités qu'on nous envie tellement sont le fruit d'une responsabilité individuelle et collective extrêmement développée qui nous pousse à privilégier l'intérêt général tout en respectant la liberté individuelle. Cet équilibre entre un état solidaire et une société composée d'individus entreprenants et libres est la clef de notre succès.


Ces valeurs, ces fruits de notre histoire, nous devons les défendre sans relâche. Que ce soit contre un excès de réglementation, tendance naturelle des sociétés évoluées qui risque d'étouffer la liberté individuelle et notamment la liberté d'entreprendre. Que ce soit aussi contre les ennemis de la démocratie et de la liberté, qui existent dans chacune de nos sociétés, même les plus démocratiques.


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Ces valeurs auxquelles nous tenons sont de plus en plus mises à mal et le politique a tenté ces derniers mois à plusieurs reprises de leur donner de sérieux coups de canifs.


C'est ainsi qu'en 2012, le peuple suisse a décidé de ne pas s'octroyer six semaines de vacances, n'en déplaise à M. Mélenchon, ex candidat à l'Élysée qui plaint ce peuple, à la presse internationale qui nous a traité de stakhanovistes, d'anti-reposiste voir même de fous. Oui M. Mélenchon, nous assumons nos choix et sommes fiers d'appartenir à un pays où le peuple sait prendre ses responsabilités et défendre ses valeurs. Oui à un travail qui nous permette de vivre nos loisirs avec un pouvoir d'achat accru et des libertés supplémentaires.


Nous avons décidé malgré les peurs liées au changement de faire confiance à nos élus pour aborder les questions internationales. Nous gardons toutefois la liberté de pouvoir corriger le tir par le biais de référendum ou d'initiative, nous assumons ainsi pleinement notre liberté de décider et notre responsabilité de gouverner efficacement.


Les citoyens suisses ont refusé de permettre une trop grande épargne logement sans impôt car elle ne profitait pas à tous, une décision remplie de solidarité "un pour tous, tous pour un". Le peuple suisse a encore contre l'avis de ses élus refusé les réseaux de soins, de peur de perdre la liberté de choix du médecin. Enfin la population suisse a soutenu l'initiative Weber pour faire face aux excès de bétonnage et appeler les politiques à plus s'inquiéter du paysage de demain, elle a fait preuve d'une belle solidarité intergénérationnelle. Ces décisions, justes ou pas, il est trop tôt pour en juger, ont toutes été guidées par le sens de la responsabilité, de la liberté, de la solidarité et tout simplement par du bon sens.


Bien sûr, certains ont connu une ou des déceptions lors de ces votes, cela a aussi été mon cas. Par contre, nous avons une chance précieuse, celle de pouvoir affirmer sans crainte nos convictions. Cette chance nous parait banale à nous suisse, nous n'en avons à peine conscience et pourtant c'est la chance de la liberté.


Nous sommes libres de nos choix, de nos mouvements, de nos convictions. Libres d'exprimer nos opinions sans risquer la prison, la torture ou pire la mort ; libres encore de choisir notre mode de vie, notre métier, notre compagne ou compagnon de vie ; libres de nos croyances; libres de façonner notre destin collectif au moyen de la démocratie. A l'heure des printemps arabes, combien de personnes rêvent de pouvoir vivre cette chance, combien de personnes sont décédées en combattant pour défendre la liberté de s'exprimer, de vivre comme ils l'entendent.


Ce combat, mesdames messieurs, n'est pourtant jamais même chez nous, définitivement gagné, il est donc de notre responsabilité collective mais aussi individuelle de continuer à le défendre. Nous allons voter prochainement sur l'interdiction de fumer en quasi tout lieu, s'il est tout à fait légitime de fixer des limites pour protéger la santé de l'autre, devons nous aller jusqu'à imposer un mode de vie commun à tous dans la sphère privée ? Voulons-nous vraiment l'an prochain, en ce lieu, interdire à un jeune de moins de 18 ans de consommer un verre de vin pour célébrer notre fête nationale sous prétexte qu'une très faible minorité abuse aujourd'hui et continuera à tricher demain?


Le combat contre les excès, pour la liberté, pour la solidarité et le bon sens continue au niveau politique. Mais il doit aussi avoir lieu au niveau individuel. Car la tolérance, l'acceptation de la différence diminuent tandis que l'on s'habitue à l'insécurité, au grand banditisme et à la délinquance. "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres" Ce proverbe plein de bon sens implique un respect de l'autre et des règles de vie communes. A titre personnel, je m'engagerai toujours pour moins de règles mais une application plus stricte de celles qui existent pour l'équité de traitement et dans l'intérêt du bien général.


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En cette année 2012, l'actualité n'est pas toujours empreinte d'optimisme: le secret bancaire s'écroule, l'Europe s'affaiblit, l'armée est remise en question, tout comme notre système social, notre système de santé, même nos hôpitaux sont en danger. Les plus résignés mettront ces tendances sur la « malice des temps », pour reprendre l’expression même de l’introduction du Pacte de 1291. Les plus réalistes admettront simplement que « les temps ont changé » et que rien n’est jamais définitivement acquis.


Il en découle aujourd'hui pour la plupart d'entre nous, un sentiment de perte de maîtrise avec pour corollaire une perte de confiance dans la classe politique. Ceci m’inquiète et cela ne doit pas être ainsi. Le monde politique a besoin de la confiance du peuple, il lui doit la transparence et un engagement sans faille au service de la société. Il ne peut par contre porter seul tous les maux, son action reste limitée et c'est aussi de notre responsabilité individuelle que d'apporter notre pierre à l'édifice.


En réalité, chacun peut agir. Cette attitude commence au niveau de la commune, devant sa porte, face à son voisin. Car avant de blâmer le monde entier, examinons honnêtement nos comportements, si chacun assume ses responsabilités, le collectif ne s'en portera que mieux.


Ne sombrons pas non plus, comme certains, dans l’auto flagellation, dans la compromission ou dans l’indifférence, notre pays est un exemple envié dans le monde entier. Soyons en fiers et travaillons ensemble pour que les générations futures puissent continuer à célébrer avec fierté notre fête nationale. Être conscient et fier de ses valeurs tout en continuant à les défendre au quotidien, voilà le but de mon message.


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En guise de conclusion, j'aimerais citer un homme qui a su décrire mieux que quiconque le «long chemin vers la liberté», un homme qui a connu la privation de liberté, le poids des chaînes. Cet homme répondant au nom bien connu de Nelson Mandela, a écrit un jour «Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c'est vivre d'une façon qui respecte la liberté des autres».


Soyons fiers de notre pays, sûrs de nos valeurs que sont la liberté, la responsabilité, la solidarité et le bon sens. Continuons à oeuvrer pour que ce pays reste un lieu de bonheur, un lieu où il y fait bon vivre.


Me voilà arriver au terme de mon discours, je tire mon chapeau aux 2 % qui m'ont écouté et rends la liberté aux 98 % qui attendent avec impatience les feux et la fête. Je vous souhaite à toutes et tous une excellente soirée, vive Vuadens, vive la Gruyère, vive Fribourg, vive la Suisse !


Didier Castella